Santé au travail

De l’importance de travailler en silence ? (+ comment faire)

travailler en silence
Written by Meghan Myers

Vous êtes au beau milieu de votre open space et vous pouvez apprécier le bruit du silence….

FAUX !

En fait pas du tout, à moins qu’il soit très tôt le matin ou très tard le soir…

Sans quoi il y a fort à parier que votre environnement sonore est bercé par des frappes de clavier, le bourdonnement d’un ventilateur ou d’une climatisation mal réglée, les éternuements de Michel de la compta, le brouhaha des conversations, le tic-tac d’une montre, la sonnerie d’un ou plusieurs téléphones…

La réalité, c’est qu’il est bien rare que notre monde soit complètement silencieux, encore plus au travail.

C’est bien dommage, car les dernières recherches en la matière semblent montrer que le silence est peut-être l’un de nos outils de productivité les moins appréciés !

Mais parlons d’abord du bruit.

Les chiffres !

Voici quelques données significatives pour commencer :

  • 9% des Français disent rencontrer des difficultés à suivre des conversations au travail à cause du bruit
  • 42% des actifs perdent chaque jour du temps de travail à cause de la gêne liée au bruit (Ifop/JNA)
  • le « coût du bruit » en France est estimé selon une étude de 2016 menée par EY à 57 milliards d’euros par an (troubles d’apprentissage, manque de productivité, accidents du travail, surdité, etc..)

Le bruit est un problème qui nous coûte cher à tous, patrons et salariés !

Le problème avec le bruit

Il est de notoriété publique que le son ennuyant d’un marteau-piqueur ou la musique forte et énervée d’un concert de rock peuvent endommager notre ouïe, mais ce n’est pas là le seul type de bruit nocif.

Les sons supérieurs à 85 décibels (dB) sont nocifs selon la durée et la fréquence de l’exposition, d’où la nécessité de protéger ses oreilles.

Il a été constaté qu’un bruit excessif nuit gravement à notre santé. Les épidémiologistes ont trouvé des corrélations entre les sources de bruit chroniques comme les autoroutes et les aéroports et l’hypertension artérielle, ce qui peut entraîner d’autres risques pour la santé, notamment des lésions cérébrales et rénales.

D’autres études ont trouvé des liens entre le bruit et l’insomnie, les maladies cardiaques et les acouphènes. Les personnes qui vivent dans des endroits constamment bruyants ont aussi souvent des niveaux élevés d’hormones du stress.

Les environnements bruyants sont également dangereux pour notre santé mentale. Une étude s’est penchée sur les enfants qui allaient à l’école près de l’aéroport de Munich avant et après le déménagement de ce dernier. Les chercheurs ont constaté que les élèves qui fréquentaient cette école obtenaient de moins bons résultats aux tests de mémoire à long terme et de compréhension de la lecture lorsque l’aéroport était près de leur école.

Lorsque l’aéroport a été déplacé, les chercheurs ont fait un suivi auprès des écoles voisines et ont constaté que la compréhension de la lecture et la mémoire à long terme s’étaient améliorées chez les élèves de l’école située près de l’ancien aéroport. Toutefois, la situation des enfants dans les écoles situées à proximité du nouvel emplacement de l’aéroport s’est détériorée.

Il n’y a pas que les aéroports qui causent de la pollution sonore : les trains et autres systèmes de transport en commun surélevés contribuent à abaisser les notes des élèves dans les salles de classe avoisinantes, mais l’installation de matériel antibruit dans les salles a permis d’inverser les effets.

Il y a deux autres types de bruits quotidiens qui peuvent être mauvais pour nous :

  • le bruit excessif, tel que le bruit fort et prolongé que connaissent les habitants à proximité d »une gare
  • le bruit global qui nous entoure, comme les conversations des collègues sur le lieu de travail

Si le premier type de bruit peut sembler bien pire que le suivant, les deux peuvent pourtant nuire autant à notre productivité.

Le bruit quotidien du bureau, même s’il est relativement calme a tendance à entraîner beaucoup d’interruptions et de distractions auditives, sans même que l’on s’en rende forcément compte.

Les collègues, les réu’, les calls, les bruits urbains et les notifications téléphoniques sont autant de distractions qui attirent notre attention lorsque nous essayons de travailler (quand on essaie).

Le problème est bien entendu amplifié en open space. Ces distractions auditives sont devenues tellement monnaie courante qu’on n’y fait bien souvent même plus attention !

En bref : si vous avez besoin de vous concentrer, le travail est bien souvent le pire endroit où vous pouvez vous trouver !

Certes, la collaboration est importante, mais la concentration l’est tout autant, en particulier pour ceux d’entre nous qui sont de la branche des créatifs.

Les recherches suggèrent que notre cerveau n’est jamais vraiment calme, au contraire, il fonctionne toujours, même lorsque nous ne sommes pas activement engagés dans une activité consciente.

Entre les interruptions, les distractions, les bruits de fond et le manque général de calme et de tranquillité, le bruit du bureau peut être nuisible.

Bon, vous comprenez l’idée, pour travailler avec un maximum de productivité, on veut travailler en silence !

Le formidable monde du silence

travailler en silence

Pendant longtemps, les chercheurs ont utilisé le silence comme moyen de contrôle dans leurs expériences pour tester les effets du son ou du bruit.

Après avoir réalisé que le silence était fascinant en soi, les chercheurs ont commencé à se concentrer davantage sur les effets du silence que de le reléguer au statut de simple « témoin ».

Dans une expérience qui testait comment le cerveau réagit à différents types de musique, le silence a été utilisé comme un contrôle entre les différents clips musicaux. Mais le silence a produit l’un des effets les plus intéressants. Comparé à une musique dite « relaxante » – ou même à un long silence avant le début de l’expérience, des pauses silencieuses de deux minutes entre la musique se sont avérées plus relaxantes pour le cerveau.

Il semble que l’effet du silence soit accentué par le contraste avec le bruit.

Notre forte réaction aux effets relaxants du silence est peut-être liée à la façon dont notre cerveau fonctionne quand il n’est pas bombardé par le monde extérieur.

Une étude portant sur des souris a révélé que l’écoute du silence pendant deux heures chaque jour incitait le cerveau des sujets à cultiver de nouvelles cellules dans l’hippocampe. Ces nouvelles cellules sont devenues de nouveaux neurones fonctionnels dans le cerveau des souris. En d’autres termes, le silence pourrait vous rendre un peu plus intelligent.

Ne dit-on pas qu’il est d’or quand la parole est d’argent ?

Le silence complet permet donc au cerveau de revenir à son état par défaut normal et de poursuivre son traitement.

Le traitement de fond continu de notre cerveau semble aussi être responsable des sons que notre cerveau produit. Par exemple, lorsqu’une chanson que vous connaissez bien est arrêtée au milieu du refrain, votre cerveau comblera souvent le vide en recréant la suite de la chanson.

En l’absence de son, le cerveau a souvent tendance à produire des représentations internes du son.

Comment observer le silence ?

Notre mathématicien et philosophe français Blaise Pascal pensait fort que les humains devaient apprendre à se taire plus souvent. Il disait d’ailleurs : « Tout le malheur des hommes vient d’un simple fait : ils ne savent s’asseoir tranquillement« . Pour travailler en silence, voici quelques solutions (sinon, vous pouvez toujours attendre que la surdité ne vienne à vous).

1. Acheter des bouchons d’oreilles

Ils sont bon marché, fiables et efficaces.

Bien sûr, si vos collègues écoutent de la musique sans casque, vous allez devoir prendre vos bouchons et aller un peu plus loin, peut-être que c’est dans un coin tranquille du bureau ou dans une zone interdite aux téléphones.

2. Commencez à pratiquer la méditation

De plus en plus de personnes décident de s’adonner à la pratique de la méditation.

Bien qu’il puisse être difficile de s’y mettre, à cause de pensées volatiles, tout ce qu’il faut finalement rechercher, c’est la paix, le calme et la tranquillité.

Sans stimulation ni distraction, votre cerveau n’a pas besoin de se concentrer et entre dans une sorte de mode par défaut. Il ne faut pas penser que le cerveau va s’éteindre pendant la méditation, il aura simplement l’occasion de « travailler » dans une bulle méditative , un espace tranquille que vous lui aurez octroyé.

Cela peut être à l’extérieur des portes du bureau.

Pourquoi ne pas vous rendre à votre voiture pour quelques minutes de réflexion en début d’après-midi ou assurez-vous de trouver un banc ou un coin d’herbe éloigné…

3. S’offrir des parenthèses dans le temps (et le bruit)

Comme pour la méditation, offrez à votre cerveau une chance de se réinitialiser, de se reposer et de trier l’information dont il dispose.

C’est peut-être la première chose à faire dès le matin, assis avec votre tasse de café.

Vous pouvez peut-être négocier avec votre boss une journée par semaine de télétravail, et vous prévoir des espaces temporels sans bruit.

On dit qu’il faut deux heures de silence par jour pour produire de nouvelles cellules cérébrales,mais ne serait-ce qu’une heure complète saura vous apporter de nombreux bienfaits pour vous et votre cerveau. Et, qui sait, si vous commencez à apprécier l’absence de son, vous trouverez probablement un moyen de faire ces pauses sonores plus fréquemment.

4. Avoir recours aux dernières technologies

Partant du constat que plus d’un Français sur deux considère les nuisances sonores humaines comme premier facteur de gêne au bureau, de plus en plus de start-ups comme Silent Space se montent afin de proposer une solution de masquage sonore qui apporte enfin la paix au travail.

Selon son fondateur, Frédéric Lafage « le masquage sonore fera partie, dans cinq ans, des éléments de base ».

Le concept ? Un dispositif qui diffuse un son neutre, doux, non intrusif, aussi appelé bruit rose dans la littérature acoustique. Ce bruit de fond réduit l’intelligibilité des conversations environnantes, permettant aux travailleurs de rester concentrés sur leur activité.

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